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REEDUCATION DE L’HOMME APRES UNE PROSTATECTOMIE
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REEDUCATION DE L’HOMME APRES UNE PROSTATECTOMIE

RÉÉDUCATION DE L’HOMME APRÈS UNE PROSTATECTOMIE

Avant l'intervention

La rééducation pelvi-périnéale est primordiale avant ET après l'intervention chirurgicale ou suite à un autre traitement de la prostate. Cette rééducation se fait uniquement par une kiné spécialisée en périnéologie.

En préopératoire :

Je reçois le patient pour quelques séances, généralement, prescrites par un urologue. Lors de la première séance, un temps est consacré à l’écoute et au ressenti du patient pour évaluer ensemble ses attentes. Il s’agit de répondre à ses nombreuses questions concernant sa santé, ainsi que sur les difficultés dans sa vie sexuelle.

Il est important d’aider psychologiquement le patient face à ses inquiétudes et anxiétés.

La rééducation préventive permet également au patient d’être plus apaisé face à l’intervention, de comprendre les aspects techniques de l’intervention et de se familiariser à un nouveau comportement en retrouvant des schémas mictionnels justes.

Le préopératoire est une étape pédagogique nécessaire au bon déroulement du traitement.

La rééducation préopératoire est aussi importante qu’en post-opératoire afin de pallier au maximum à l’incontinence urinaire et aux dysfonctions érectiles.

J’insiste sur la motivation du patient pour qu’il s’implique dans son traitement car sa prise en charge doit être quotidienne. Je lui demande de réaliser en autonomie des petits exercices à son domicile ainsi que d’appliquer les divers conseils hygiéno-comportementaux.

Après l’intervention

Lors de l’ablation de la sonde posée par le chirurgien, entre 2 jours et 1 semaine après l’intervention, le patient peut souffrir d’une incontinence urinaire très invalidante. Durant les quelques jours nécessaires à la cicatrisation (15-20 jours), quelques conseils seront donnés au patient. Un temps sera consacré également à la gestion des émotions telle que l’anxiété ou le sentiment d’être abîmé dans sa masculinité.

Conseils kiné pour le retour du patient à son domicile :

Boissons :

  • Boire 1.5 l de liquide par jour.
  • Privilégier l’eau, la tisane, les jus de fruits pressés. Interdire les alcools, les sodas, le champagne, la bière, les vins blancs et rosés.
  • Pour éviter trop de levers nocturnes, boire beaucoup dans la première partie de la journée, diminuer ensuite, et au dîner, ne boire qu’un verre ou deux.

Marche :

2x/ jour d’un pas lent, 15 min au début et augmenter progressivement le périmètre.

Repos :

Le matin, l’après-midi : sieste recommandée. La vessie pourra mieux se distendre et contenir davantage d’urines.

Éducation comportementale :

  • Se retenir d’uriner un peu plus chaque jour pour favoriser la compliance vésicale.
  • Lors de la miction : essayer de le faire en une seule fois, sans couper le jet. On va éviter le « stop-pipi ».

Si l’incontinence perdure, la rééducation pelvi-périnéale peut débuter avec les techniques classiques : rééducation proprioceptive et comportementale, biofeedback, exercices de renforcement des muscles élévateurs par des techniques manuelles couplées à de l’électro stimulation (et inhibantes pour les vessies hyperactives) et stimulation du nerf tibial postérieur.

Parfois, l’usage d’une pince pénienne en cas d’incontinence trop sévère, peut être conseillée. La pince est un dispositif médical conçu pour les hommes souffrant d'incontinence urinaire et ne voulant plus porter de protections absorbantes. Elle compense les sphincters défaillants, elle s'adapte sur le pénis pour comprimer et fermer l'urètre jusqu'à ce que le besoin d'uriner se fasse sentir. Elle ne permet pas la résolution des difficultés urinaires mais permet d’améliorer la qualité de vie sociale du patient.

Exercices périnéaux :

Un temps est consacré à l’apprentissage de base des bons exercices périnéaux.

Il s’agit, au départ, de contracter uniquement les muscles pelviens sans compensations ni faire appel aux muscles voisins (fessiers et abdominaux). Des séries de contractions courtes et répétées sont proposées ainsi que des séries de contractions plus longues de façon à solliciter l’ensemble des muscles du périnée, fibres phasiques et toniques et à optimiser la prise en charge globale périnéale.

Attention :

  • Il ne s’agit pas d’une performance. L’important est la proprioception et de sentir la contraction et le relâchement de l’anus. Il faut faire des pauses régulières (de 30 minutes à 1h) pour continuer à bien ressentir le travail musculaire et pour ne pas épuiser les muscles.
  • Il ne faut absolument pas vouloir serrer fort. Le travail sera axé sur l’endurance et non pas sur la performance.
  • Il ne faut serrer que les muscles du périnée. Il sera important avant tout de sentir son périnée et de le dissocier des autres muscles du corps.
  • L’anus qui se ferme et qui s’enfonce (par l’action des muscles releveurs) (comme pour « retenir un gaz » ou « retenir une envie d’uriner »), les testicules qui sont tirés vers le haut par l’action des muscles suspenseurs, une contraction à la base de la verge (via la bandelette de Houston).
  • IL ne faut donc ni serrer les jambes, les fesses, le ventre, ni bloquer la respiration.

La rééducation s'inscrit dans la globalité, c'est-à-dire qu'il faudra absolument réintroduire le périnée dans l'enceinte lombo-abdomino-pelvienne.

Un travail de posture et de (re)musculation de la sangle abdominale, ainsi que le verrouillage périnéal à l’effort seront appris et à réaliser au quotidien lors des efforts de la vie quotidienne.

Progressivement, le patient pourra peu à peu se débarrasser des protections et/ou des étuis péniens.

La rééducation pourra être plus ou moins longue selon les cas. Chaque rééducation sera unique et personnalisée en fonction de chacun des patients et de l’évolution de la problématique.

En cas d’échec thérapeutique de la prise en charge technique périnéale, l’urologue peut proposer des traitements complémentaires : des injections intra-sphinctériennes (dans le sphincter), une intervention par bandelettes sous-urétrales ou, la mise en place de ballonnets péri-urétraux et, en cas d’incontinence sévère, il est quelquefois envisagé la pose d’un sphincter artificiel (prothèse du sphincter).

Dans tous les cas, une consultation avec votre kiné permet de prendre un temps pour pouvoir poser toutes les questions et établir ensemble une stratégie rééducative la plus optimale possible.